Végétation méditerranéenne



Les paysages

Les paysages que nous avons traversé sont le résultat d'interactions entre

vue du signal St Victor, photos Louise Henneguet

La notion de série de végétation

Une série de végétation reflète l'évolution de la végétation, du sol nu jusqu'à une formation fermée, forestière en général, qui ne semble plus se modifier à large échelle, ceci pour des conditions homogènes de climat, de sols et d'action anthropiques. Le climax ou stade ultime de la succession est en réalité en équilibre dynamique, bien mis en évidence par la mosaïque forestière (voir stage de Foljuif). La forêt se maintient à l’échelle du massif, mais est constituée d’un ensemble de parcelles en perpétuelle évolution, suivant le cycle forestier. C’est la juxtaposition des ces unités variées qui permet le tamponnage des perturbations (feu, parasites, coups de vents etc.).

En Languedoc, en dehors des côtes très ventées, la forêt de chêne vert sur calcaire(plus ou moins associée au chêne pubescent) ou la forêt de chêne liège (sur silice) formeraient la végétation recouvrant le territoire, s'il n'y avait pas trois mille ans ou plus d'histoire humaine sur ces terres. Le carton botanique des cartes de végétation reconstituent cette végétation dite "spontanée" (Attention au terme de "naturalité" entraînant dans des discussions qui se doivent d'être argumentées sur la place de l'espèce humaine dans la nature!). Sur le carton botanique de la carte de Perpignan (ci-dessous) ou de Carcassonne (couvrant la partie Nord du stage), la zone méditerranéenne correspond aux séries du chêne vert (jaune), du chêne liège (orange), du chêne pubescent (vert) dans une cetaine mesure. Les autres séries marquent le passage à des altitudes plus élevées, associées à un climat plus ou moins montagnard. Voir étagement de la végétation.

Carton botanique pour la partie Sud de la région méditerranéenne traversée pendant le stage (voir aussi carte de Carcassone)
Extrait de la carte de végétation de Perpignan. Ech. 1/200000.
Isothermes et précipitations Extrait de la carte de végétation de Perpignan. Ech. 1/200000.

La représentation de la végétation sur la carte.

Sur la carte elle-même est reportée la végétation réellement observée au moment du relevé. On retrouve une superposition plus ou moins étroite avec les séries de végétation spontannée. Une série de végétation est donc caractérisée par une couleur (jaune pour la séie du chêne vert) associée à une intensité qui est attribuée en fonction du stade de la dynamique : pelouse (très clair), lande (moyen) ou forêt (teinte la plus vive). En région méditerranéenne, le terme de mattoral a remplacé celui de garrigue (traditionnellement lande ouverte sur calcaire) ou de maquis (formation arbustive parfois haure de 2 à 3 m sur silice). Détail des séries de végétation: une série de végétation décrit l'allure et la composition des peuplements pour chaque stade de sa dynamique

Les séries de végétation de l'étage méditerranéen languedocien

Dans ce tableau ci-dessous, une présentation synthétique des séries méditerranéennes, d'après la notice des cartes de végétation pyrénéennes. Dans la zone méditeranéenne, l'étage de plaine (étage collinéen), c'est à dire les espaces compris entre 0 et 600-800m environ est remplacé par un étage méditerranéen, qui est nuancé en fonction des conditions de température ou de sécheresse. Côté est-espagnol des pyrénnées par exemple, on se trouve en étage thermo-méditerranéen, le plus chaud et sec. Durant le stage nous sommes restés dans les étages méso- et sub-méditerranéen, aux conditions moins rigoureuses. On ne rencontre quasiment pas de thermoméditerranéen en France.

les couleurs ne sont pas évidentes sur l'image, voir la carte
ETAGES (Est Pyrénées et Pyrénées centrales) Voir docs climat Espèces marquants les limites de l'étage Série Autres plantes de ces séries. Pas exhaustif!! Voir aussi Remarques
étage mésoméditerranéen :
  • 300< P <800mm
  • P violentes, sur qques jours
  • Sécheresse estivale
  • Tmoy élevées, hivers en général doux
Limite sup  disparaissent :
  • Arbutus unedo, arbousier
  • Juniperus oxycedrus , le cade
  • Rosmarinus officinalis, le romarin
  • Cistus sp., les cistes
  • Lavandula stoechas, lavande stoechade
  • Quercus coccifera, Chêne kermès
  • 1. Série du chêne liège sur SI
  • 2. Série du chêne vert (± Pin d’Alep) (< 400m)
  • 3. Série du chêne pubescent
  • Pistacia lentiscus,
  • Phillyrea angustifolia,
  • Erica arborea,
  • Aphyllanthes monspeliensis
  • Brachypodium ramosum
  • Genista scorpius
  • Thymus vulgaris
  • Lonicera etrusca
  • Viburnum lantana
  • Cornus sanguinea
  • Le chêne vert, arbre feuillu le plus fréquent à cet étage, n’est pas utilisé pour le caractériser, car il déborde sur l’étage subméditerranéen.
  • En général, la répartition de l’olivier se superpose à celle de l’étage, mais parfois seuls de vieux arbres relictuels (après disparition des cultures) subsistent.
étage subméditerranéen (ou collinéen-méditerranéen ou supraméditerranéen)
  • 600m
  • Pas de déficit estival des P
  • T plus contrastées que dans l’étage mésomed.
Limite inf : apparaissent en abondance
  • Buxus sempervirens
  • Juniperus communis
  • Amélanchier ovalis
Limite sup : disparaissent
  • Quercus pubescens
  • Quercus robur
  • 1. Série du chêne vert supraméditerranéen (en dehors de la limite de l’olivier) (500 à 900m)
  • 2. Série du chêne pubescent
  • Ruscus aculeatus
  • Jasminum fruticans
  • Rubia perenigra
  • Euphorbia characias
  • Lavandula latifolia
  • Acer monspessulanus
  • Étage des chênes à feuilles caduques en Méditerranée, même si le chêne vert reste abondant à la base de l’étage. La limite inf est délicate à préciser..
  • Appauvrissement net en espèces thermophiles, mais reste riche en espèces méditerranéennes

La dynamique de la série du chêne vert

Le paturage, la mise en culture et le feu, facteur intervenant dans tous les écosystèmes, ont modelé la végétation actuelle méditerranéenne. Les paysages, les formations végétales que nous avons observés en sont les produits directs. Nous n'avons que peu observé la formation spontannée, forêt de chênes verts mêlés aux chênes pubescents, ou alors au delà d'une certaine altitude (col des cabanes). Quelles sont les principales formations végétales qui ont été rencontrées et pourquoi la forêt naturelle est-elle si rare? Elles sont présentées dans l'ordre chronologique des arrêts, puis replacées sur un schéma général de la dynamique méditerranéenne.

Dynamique de la végétation méditerranéenne et rôle des utilisations anthropiques et du feu. Les chiffres renvoient aux arrêts effectués lors du stage, détaillés ci-dessous.

modifié d'après "Le feu dans la nature méditerranéenne, ed. Ecologistes de l'Euzières, 2000"
2Garrigue à chêne kermès cade, chênes verts, romarin. Signal St victoire.
2Chêne kermes
1 pris sur le web..j'attends vos clichés!!1 Genêt d'espagne, Spartium junceum avec pind'alep en arrière plan1 Nerprun Rhamnus amaternus une espèce compagne des garrigues

Visitez les pages plantes méditerranéennes pour des compléments botaniques sur les espèces citées.

1. Des formations boisées à chêne vert et pin d'Alep
Autour de Narbonne, arrêt au pont XXX. Une formation arborescente, où sont mêlés pin d'Alep (Pinus alenpensis), chêne vert (Quercus ilex)et chêne kermès (Quercus coccifera) en abondance, notamment dans les zones ouvertes, accompagnés de cistes à fleurs roses et feuilles vert-blancheâtres, ou la ciste blanche (Cistus albidus). D'autres espèces typiquement méditerranéennes ou thermophiles sont présentes : thym, romarin, hélianthèmes etc.
2. De la garrigue, à buissons bas et denses, riche en chêne kermès
En montant vers le signal Saint Victoire, les flans sont recouverts de buissons touffus : toujours du chêne kermès en abondance, du Romarin, quelques chênes verts de petite taille, du cade (Juniperus oxycedrus)des cistes blanches, du jasmin, l'aphyllante de Montpellier (Aphyllantes monspelliensis) sur les parties plus marneuses, du genêt scorpion, piquant! (Genista scorpius), des cytises, l'osyris (Osyris alba) etc. Le genêt d'Espagne, en pleine floraison, est également très présent dans la région et signe l'abandon des cultures, c'est un des premiers recolonisateur. On le rencontre également dans les milieux thermophiles d'Ile-de-France. Nous aurions pu voir également ces compagnes méditerranéennes typiques : la phyllaire, le pistachier lentisque. Cette lande est typiquement un stade de recolonisation après abandon des cultures, ou après passage répété du feu. Les sols se compactent, s'appauvrissent, certaines espèces sont favorisées (chêne kermès et cystes) au détriment d'autres (chêne vert, chêne pubescent complètement disparu dans ces zones).
3. Des pelouses à brachypode (Brachypodium ramosum),
signalant une pature intensive ou le passage répété du feu. Traditionnellement, il était utilisé d'ailleurs afin de favoriser la pousse printannière du brachypode, appelé aussi...herbe à moutons. Nous n'avons pas vu de larges étendues de ces pelouse, comme cela aurait pu être le cas autour de Narbonne (montagne de la Clape), mais le brachypode recouvrait nettement les zones ouvertes lors de plusieurs de nos arrêts.
4. Des formations boisées, hautes, à chêne vert et chêne pubescent mélés
. Ce fut l'arrêt du col des cabanes, où nous avons enfin pu observer l'arrivée du chêne pubescent, arbre à feuilles caduques et dont la face inférieur reste verte, à la différence de celle du chêne vert (voir pages botaniques). Dans cette zone, la lavande stoechade (également observée par certains précedemment), la ciste de Montpellier aux feuilles collantes (Cistus monspeliensis).